Palerme est une très jolie ville dont l’architecture des quartiers anciens témoigne de sa gloire passée.
Notre premier contact fut malheureux. Nous avions réservé une place dans le port de plaisance en nous adressant à une société gérant plusieurs pontons. Mais les conditions de l’accueil par les personnes prétendant représenter cette société nous ont fait craindre une arnaque de sorte que nous avons rapidement quitté le cul de basse fosse dans lequel on nous avait placé, non sans une discussion très vive avec la représentante de la société qui prétendait nous faire payer immédiatement un prix exorbitant sans justifier de la moindre facture, ni même avoir de bureau sur le port ou ailleurs.
Nous sommes donc allés sur un autre ponton géré par la marina Galizzi où nous avons été accueillis par Antonio, personnage extraordinaire. Antonio n’est pas seulement un marinero, comme on les nomme en Italie, chargé d’assurer le placement et la sécurité des bateaux ; parlant français notamment, il est à l’écoute de toutes vos demandes et préoccupations et tente de trouver des solutions à tous vos problèmes. C’est ainsi que, informé du mauvais fonctionnement de notre moteur et de notre recherche du fameux solénoïde, il m’emmena un matin voir un mécanicien de sa connaissance qui, malheureusement, ne disposait pas de la pièce en question. Antonio assure le lien social sur le ponton et en 48 heures, il nous avait présenté un bon nombre des navigateurs présents sur le ponton, notamment un grec qui vit là la moitié de l’année dans un petit bateau à moteur et qui me faisait penser à Diogène dans son tonneau.
Il est à l’origine de l’une des rencontres les plus sympathiques de notre périple. En effet, nous étions préoccupés par le calendrier et la nécessité dans laquelle nous nous trouvions d’arriver à Athènes très rapidement et avions décidé de faire le trajet d’une seule traite, soit près de 500 milles nautiques. A deux, cela pouvait être un peu fatigant, aussi avions nous exprimé à Antonio notre recherche, peu active il est vrai, d’un équipier pour les 5 jours de cette traversée. Un quart d’heure plus tard, Antonio nous indiquait qu’il en avait parlé à l’un de ses amis skipper professionnel et une demi-heure après, nous donnait le nom d’un jeune étudiant immédiatement disponible.
C’est ainsi que nous avons rencontré Lorenzo, 20 ans, étudiant en école d’ingénieurs à Palerme. L’expérience de Lorenzo était limitée à quelques navigations sur des bateaux à moteur et ne connaissait que peu de choses à la voile. Mais il était très enthousiaste à l’idée de partir à Athènes avec nous et s’est révélé être un équipier très sympathique et volontaire. Chargé de veiller de 2 heures du matin à 8 heures, il nous a permis d’avoir des nuits plus sereines et moins fatigantes. Non content de vouloir se charger au maximum de tout ce qui relevait du fonctionnement du bateau, il nous a préparé sa recette de spaghettis à la sicilienne et a tout fait pour nous simplifier la vie. Et chaque jour, nous arrêtions le bateau vers 18 heures pour nous baigner avant de prendre l’apéritif. Bref, nous conserverons un excellent souvenir de Lorenzo ; à son contact, nous nous sommes sentis rajeunir.
Notre trajet de Palerme à Athènes présentait deux particularités : le détroit de Messine et le canal de Corinthe au fond du golfe du même nom.
Le détroit de Messine n’a pas très bonne réputation car c’est un bras de mer qui peut être très chahuté. Des amis nous avaient cependant rassurés en nous disant qu’eu égard aux vents dominants, le franchissement du détroit dans le sens nord sud était beaucoup plus simple et qu’il convenait simplement de longer la côte en faisant attention aux nombreux ferrys et cargos présents dans ce détroit.
Et en effet, nous avons traversé le détroit à l’aube par un temps très calme et pour tout dire, un peu décevant.
Et deux nuits après, nous abordions les iles Ioniennes à l’entrée du golfe de Patras.
La ville de Patras si je n’ai pas mélangé les photos …
La remontée du golfe de Corinthe s’est faite de nuit. Il est curieux de voir comment ce golfe peut changer de physionomie selon qu’on le voit de jour ou de nuit. En effet, de jour, l’urbanisation ne se remarque pas alors que de nuit, on ne voit que des lumières sur les deux rives. L’impression de nuit est de naviguer sur un fleuve très large ou sur un immense lac.
Et ce fut l’arrivée à Corinthe dans la matinée du 22 juillet.
dans un port absolument désert,
et une chaleur assez étouffante.
Enfin, le dimanche 23 juillet au matin, nous franchissions le canal de Corinthe, voie maritime considérée comme la plus onéreuse au km ou mille nautique (ce que nous confirmons). Le passage est très impressionnant entre deux parois de 70 mètres au plus haut et on imagine mal l’ampleur des travaux.
C’est de cette passerelle (à l’arrière-plan) qu’il y a une dizaine d’années environ, nos garçons sautèrent à l’élastique. Très bon souvenir pour eux, moins pour nous qui étions terrorisés.
Et 35 milles nautiques, plus loin, après quelques photos loupées et que vous ne verrez donc pas, nous arrivions à Athènes, plus exactement au Pyrée à Zea Marina, pour y attendre nos enfants.
La première partie du périple était ainsi terminée pour notre plus grand bonheur. A suivre, les iles Saroniques.