Notre premier objectif était de nous rendre à Didim, ville anciennement oraculaire et maintenant nommée Altinkum, pour y voir le temple d’Apollon justement célèbre pour ses dimensions et son état de conservation. Chose faite après deux nuits très calmes passées au mouillage dans les iles de Catalada (tcha…) et de Salih Adasi et deux journées de navigation consacrées à l’examen de l’urbanisation de la côte turque, dont les principes laissent un peu songeurs.
Et ce fut Didim le 28 mai. Il n’y a pas grand’chose à voir à Altinkum en dehors du temple d’Apollon mais celui-ci vaut le détour comme on dit dans le Routard. Il est simplement regrettable que son environnement n’ait pas été mieux préservé car le temple se trouve maintenant enserré dans des constructions récentes, pour beaucoup destinées à accueillir ses marchands. Il n’en reste pas moins que c’est beau, très beau et émouvant.
Après Didim, dans la série “voyage culturel”, ce fut Ephèse avec, sur la route de Kusadasi, une nuit au mouillage le 1er juin dans l’anse de Sandal Adasi à l’entrée du détroit de Samos. Bien abrité des vents du nord, un peu moins des vents du sud, nous étions seuls au monde.
La ville de Kusadasi ne nous a pas paru présenter un très grand intérêt par elle-même. Elle n’est que le point de départ des visites d’Ephèse et les touristes, qui débarquent par paquebots entiers (non, nous n’avons pas changé de bateau) ne s’y trompent pas. Ainsi, après avoir loué une voiture, nous sommes partis à la découverte du fameux appeau.
La renommée d’Ephèse n’est pas usurpée. Qu’on en juge par les photos qui, heureusement pour moi, se passent très bien de tout commentaire.
Evidemment, nous ne pouvions pas, après Ephèse, ignorer le lieu de pèlerinage que constitue à côté de Selçuk, l’endroit où, conduite par Saint Jean, la Vierge Marie aurait vécu et se serait éteinte (de manière très provisoire car un phénomène dit d’Assomption l’aurait ensuite placée à la droite du Patron).
Enfin, nous savons maintenant que les cigognes, venant d’Alsace, passent l’hiver à Selçuk.
Et, le 4 juin, nous quittions Kusadasi en direction d’Izmir. Peu de choses à dire sur notre trajet qui nous emmena d’abord dans une crique nommée Bolme Adasi du nom de l’ilôt présidant à l’entrée, puis dans l’anse de Sarp Dere Hacilar Bay pour nous amener à Cesme le 6 juin.
Cette ville est remarquable : pas pour la difficulté d’y trouver un supermarché, qui nous a valu de faire 3 fois le tour de la vieille ville, pas pour la splendide reconversion de son caravansérail en hôtel, ni pour sa forteresse, ni pour le mouillage que nous y avons trouvé entre le port de commerce et un terrain vague (sans même des vagues de dunes …) mais pour ses audaces architecturales :
Il nous a semblé qu’il s’agissait d’habitations.
Et le 7 juin, nous repartions vers le nord, c’est à dire avec le vent dans le nez, afin de contourner la péninsule de Karaburun et d’entrer dans le golfe d’Izmir.
L’arrêt que nous avons fait dans Egri Limani pour y passer la nuit, restera dans nos mémoires. Cet endroit est occupé par de nombreuses fermes marines et la baie d’Egri Limani constitue la base arrière des bateaux, des équipements et des personnes qui y travaillent. C’est dire qu’il y a du monde et de l’animation.
Le mouillage dans cette baie fut une erreur qui m’est entièrement imputable. Elle est ouverte sur le nord d’où viennent les vents dominants et la houle qui va avec. Après un premier mouillage de l’ancre dans un endroit qui nous a paru un peu agité, nous sommes allés un peu plus avant dans la baie pour nous apercevoir que l’ancre ne tenait pas et glissait, ce qui était quand même un peu ennuyeux. Nous avons donc trouvé un troisième endroit, à côté d’un petit bateau également à l’ancre.
La nuit fut terrible. Evidemment, le vent s’est mis à souffler ; évidemment, notre ancre a glissé, nous amenant près du petit bateau dont nous avons étreint l’amarrage avec force et vigueur. Finalement, continuant de glisser, nous nous sommes échoués vers 2 heures du matin, ce qui présentait l’avantage au moins d’immobiliser le bateau et de nous permettre de nous reposer. Et, au petit matin, nous avons pu faire des signaux lumineux à un mécanicien de la base des fermes marines qui est venu avec son bateau pour nous sortir de notre échouage et nous permettre de nous amarrer à une bouée qui, elle, ne glisse pas. Et le lendemain matin après que ce mécanicien, également plongeur sous-marin, prénommé Alpaï et d’une extrême gentillesse, ait pu nous récupérer l’ancre et réparer le guindeau, nous pûmes repartir vers Izmir. Sans aucun dégât majeur constaté, c’est l’avantage des coques en aluminium.
Ayant ainsi eu notre lot d’émotions, nous décidâmes de faire route directe vers Izmir où nous arrivâmes le 9 juin en fin d’après-midi, suffisamment à temps pour permettre à nos amis F. et B. de visiter la ville avant de retourner dans des régions plus calmes, sans fermes marines dans des baies non protégées et sans ancres qui glissent inopportunément.
Et je vous parlerai de la ville d’Izmir dans le prochain article “D’Izmir à Istanbul”, article que je vais préparer aujourd’hui peut-être, ou alors demain…
Et maintenant, c’est raki.