DE ANTALYA A FETHIYE – 1er avril 2024 – 12 mai 2024

Nous avions donc prévu de mettre le bateau à l’eau le 1er avril après avoir fait procéder à quelques réparations sur le Marjan IV, concernant notamment la dérive hydraulique. Mais, malgré les compétences et les efforts déployés par Maxime et Samuel, dépêchés par le chantier NYS à Antalya pour procéder à ces réparations, le système de relevage de la dérive n’a pas voulu fonctionner en raison d’une défaillance du vérin hydraulique.

Nous attendons donc le retour prochain de Samuel et de Maxime avec un vérin tout neuf pour pouvoir mettre le bateau à l’eau et continuer notre navigation le long des côtes turques, qui sont magnifiques, vers Istanbul. Notre projet est d’atteindre Istanbul vers la mi-juillet et d’y laisser le bateau au début du mois de septembre pour rentrer à Luc sur mer.

Notre départ devrait donc se faire aux alentours du 20 avril. En attendant, nous “bullons” dans un magnifique hôtel sur la côte proche d’Antalya :

Il est vrai que les conditions pourraient être pires.

Cette partie de la côte turque est dédiée au tourisme. Sur plusieurs kilomètres, sont alignés d’énormes hôtels qui reçoivent leurs clients du monde entier ; nous cotoyons ainsi des chinois, des coréens, des iraniens, beaucoup d’européens du nord, des africains mais pas de français. L’architecture de ces hôtels est un peu délirante :

Il y a même un hôtel nommé le “Kremlin Palace” avec Vladimir en première mondiale peut-être…

Les hôtels se succèdent et croissent comme des champignons à côté de terrains encore vagues ou occupés par des cultures maraichères sous serres. C’est Las Vegas, avec la mer mais sans les jeux et dans un développement incessant.

Mais la région d’Antalya recèle d’autres richesses, archéologiques celles-là.

Notre projet était d’abord d’aller voir Termessos, ville grecque puis romaine à 1000 mètres d’altitude dans la montagne au nord-ouest d’Antalya. Le problème est que l’accès à cette merveille archéologique se fait à partir d’un parking automobile (jusque là tout va bien) mais ensuite à pied, sur 3 kilomètres, par un chemin de montagne, pierreux et semé de souches rendant la marche difficile. C’est à dire qu’au bout de 300 mètres à peine, il nous a fallu nous rendre à l’évidence : l’accès à certains sites archéologiques turcs est fondée sur une discrimination à raison de l’âge et de la condition physique… Scandaleux. Il nous reste quelques photos du début du chemin et du parking …

Trois kilomètres comme cela, compte tenu de notre condition physique, ce fut non. Mais le site montagneux est beau.

Et nous avons quand même trouvé un portique à côté du parking.

Perge est un autre site, facilement accessible et absolument splendide avec son théâtre, son stade remarquablement conservé, son agora …

Le théâtre de Perge, adossé à la colline et qui, malheureusement, ne peut être visité.

Le stade.

Et, sous les gradins du stade, accessibles de l’extérieur, d’anciennes échoppes.

L’agora.

Mais le plus impressionnant se trouvait à Aspendos, le théâtre construit sous le règne de l’empereur Marc-Aurèle (160-180 après Jacques Chirac pour ceux qui auraient oublié) :

La façade extérieure, reconstruite, n’est pas d’un grand intérêt. En revanche, l’intérieur du théâtre conçu par un architecte nommé Zenon est magnifique et réputé pour son acoustique :

Martine est sur la photo. Celui qui la trouvera gagnera à être connu.

Martine est toujours sur la photo…

Et, pour finir, nous sommes allés à Side, ancien port romain et petite ville très touristique qui présente une originalité : la ville moderne a été construite au-dessus des ruines, ce qui n’est pas original mais, pour partie sur des pilotis qui laissent voir les anciennes constructions.

avec une vision des restes des constructions romaines à travers des plaques de verre sur les trottoirs :

Ni la grue, ni le taxi, ni les touristes ne sont d’époque.

Nous sommes également retournés dans la vieille ville d’Antalya qui est décidément très belle, notamment avec son vieux port.

Après avoir ainsi occupé nos loisirs forcés, nous sommes donc partis le 1er mai dernier avec 3 semaines de retard en direction du sud. Première étape, mouillage dans la baie de Phalysis, à côté de la petite ville de Tekirova, au pied du mont Olympos qui culmine à au moins cela mais pas plus.

Homère a rapporté l’existence d’un monstre, tapi dans les flancs de ce mont, qui manifeste sa présence en crachant des flammes : la fameuse Chimère. Le phénomène est réel et certaines nuits, il est possible de voir ces flammes. Evidemment, si nous avons gardé le mot, la science a eu raison de la légende ; il s’agit seulement d’une faille géologique par laquelle remonte du méthane qui s’enflamme au contact de l’air. Je préfère la légende qui me fait plus rêver qu’une fuite de gaz.

Sinon, l’endroit est agréable avec un nombre considérable de ruines romaines assez mal mises en valeur. Evidemment, dans la journée, on y trouve des navires de toutes sortes destinés principalement au transport touristique en “musique”. Au risque de passer pour un vieux c… (plus c… que vieux d’ailleurs), ce que j’assume volontiers, je ne comprends pas cette nécessité d’accompagner la visite de ces lieux magnifiques d’une musique tonitruante et fort laide. Il s’agit sans doute de combler un vide de l’esprit qui, pourtant, si on veut bien l’écouter, souffle dans ces lieux.

Heureusement, cette agitation assez vaine cesse avec la nuit qui fut très calme.

En route pour Kekova-Kalekoy, nous nous sommes encore arrêtés pour la nuit dans la baie d’Adrasan, bien abritée et quasiment déserte en cette saison. Avant d’arriver à Kalekoy, un coup de vent assez fort de 30 noeuds avec rafales nous a contraints à nous réfugier dans le port de Finike pour y passer deux nuits.

Et ce fut Kalekoy, avec ses nombreux tombeaux lyciens, endroit magique déjà vu l’année dernière et pas encore trop fréquenté à cette époque et dans lequel nous avons déjà séjourné l’année dernière.

Mardi 7 mai, nous quittions donc Kalekoy pour nous rendre à Fethiye avec deux contraintes : d’une part, nous trouver le bureau de l’administration de l’immigration de cette ville le 13 mai à 10 h 30 pour y obtenir un permis de résident nous autorisant à rester en Turquie au-delà des 3 mois du visa touristique, d’autre part, éviter de nous prendre le coup de vent à 35 noeuds attendu le vendredi 10 mai dans la journée. Dans un premier temps, nous avons mouillé deux nuits dans la baie située dans le sud de la ville de Kas, baie très bien abritée et très tranquille dans laquelle des bouées d’amarrage sont mises à disposition des navires. Nous avons ainsi, en exclusivité mondiale et pour la première fois, réussi à saisir la bouée par le plat-bord de l’arrière du bateau. Le principe en est très simple : du fait de la hauteur de la proue du voilier, il est très difficile voire impossible de saisir la bouée par l’avant ; l’idée est donc de frapper une longue aussière à l’avant, de la faire passer à l’arrière par l’extérieur et, en reculant le voilier sur la bouée de saisir celle-ci, puis de la ramener à l’avant. La technique est maintenant bien rôdée. Et cela nous a permis de séjourner tranquillement dans cette baie.

Et comment nous avons réussi à être à Fethiye le 13 mai après avoir évité deux coups de vent le 4 mai et le 10 mai, c’est que vous saurez bientôt.

Le retard dans la mise à jour de nos pérégrinations pourrait être compris comme une façon de faire durer le suspense quant aux conditions dans lesquelles nous avons échappé au coup de vent du 10 mai. En réalité, ce retard n’est que le produit de ma flemme…

Après notre mouillage à Adrasan, nous nous sommes simplement réfugiés dans le port de Finike où nous avons passé deux jours dans cet abri côtier pour éviter un premier coup de vent le 4 mai. Il n’y a pas grand’chose à dire de cette ville dans laquelle nous nous étions déjà arrêtés en allant à Antalya. Le port est accueillant et il y a, face à l’entrée de celui-ci, un bar en terrasse au sommet d’un hôtel depuis lequel on a une très belle vue sur la baie.

Dès le coup de vent passé, nous reprenions notre course vers l’est en nous arrêtant, comme prévu, à Kalekoy en face de l’ile de Kekova, dont nous avons déjà parlé et où nous nous étions promis de revenir.

Après deux jours passés dans cet endroit hors de tout, nous sommes partis toujours vers l’ouest en nous arrêtant à Kas, non pas dans la marina, mais dans une baie très calme au sud de la ville, dans laquelle nous étions seuls. Et vous n’aurez pas de photos car soit, fasciné par la tranquillité des lieux, j’ai oublié d’en prendre, soit je les ai perdues, hypothèse qui n’est pas invraisemblable.

Poursuivant ensuite notre route vers Fethiye, nous avons encore du affronter deux jours de mauvais temps les 10 et 11 mai que nous avons passés dans une crique à Karacaoren. L’endroit est très bien protégé, notamment des vents du nord, ce qui nous intéressait et l’on y trouve un restaurant étonnant.

Avec la visite bien ordonnée d’une famille canard.

Ce restaurant, fait de bric et de broc, qui défie les lois de l’architecture et de la construction, sert d’excellents produits de la mer à des prix qui ne sont pas négligeables. Surtout, ses dirigeants ont des pratiques commerciales étonnantes : dans cette crique, on peut simplement jeter l’ancre mais aussi profiter des bouées installées par le restaurant et auxquelles vous êtes courtoisement invités à vous amarrer. Ce que l’on ne vous dit pas, c’est que l’usage des bouées est subordonné à l’usage du restaurant. Et c’est ainsi qu’après y avoir diné une première fois (c’était très bon mais pas donné, merci !), nous avons été “sommés” d’y retourner une seconde fois, sauf à nous acquitter de la somme de 200 euros (!) pour usage de la bouée. Cela m’a donc valu de diner une seconde fois le même soir pour une somme de 25 environ. L’endroit reste idyllique et étonnant mais ces méthodes nous ont un peu gâché notre plaisir.

Quoiqu’il en fût, cette halte nous a permis d’éviter d’avoir à naviguer dans une mer difficile et de nous rendre calmement à Fethiye dont la baie est magnifique.

Et arrivé à Fethiye le 13 mai, nous avons pu apprécier la bureaucratie locale, qui n’a rien à envier à la nôtre. En effet, notre séjour en Turquie étant prévu pour une durée supérieure à 90 jours, il nous a fallu obtenir un permis de résidence qui nous a été accordé, non sans avoir dû produire un certain nombre de documents et d’informations, notamment sur le statut conjugal de nos parents…

Cette formalité étant réglée, nous avons pu aborder la deuxième grande étape de notre voyage, vers Bodrum.

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