De Naxos à la Crète – 13 septembre au 12 octobre.

Nous sommes donc en Crète depuis le 15 septembre au soir. Et nous sommes heureux d’être dans un port, en l’occurrence Agios Nikolaos, sur la côte nord-est, car le meltem a recommencé à souffler. Ce vent est pénible. Si Victor Hugo n’avait pas situé son poème Gastibelza en Espagne, j’aurais juré qu’il avait vécu en Crète des jours de meltem : “le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou”.

Notre traversée depuis Naxos s’est faite en trois temps : l’île de Sikinos d’abord, puis l’île de Thirasia dans l’archipel de Santorin et Agios Nikolaos en Crète enfin.

De Naxos à Sikinos, il y a à peine 30 milles nautiques. La sortie du port de Naxos fut assez pénible car avant de pouvoir prendre plein sud, nous dûmes marcher pendant environ 5 milles avec un vent de travers certes navigable mais encore assez fort et une mer agitée. Mais heureusement, sitôt passée la pointe de Naxos, la route vers le sud s’est faite au portant et pour simplifier afin d’éviter tout risque d’empannage involontaire, nous avions seulement sorti le génois. Ce fut très confortable avec une vitesse tout à fait honorable de 6 à 7 noeuds.

L’île de Sikinos offre aux bateaux de plaisance un havre de paix et de tranquillité. Elle est assez peu fréquentée, tant mieux, et nous n’étions que quatre voiliers dans un mouillage paisible quoique un peu venté. Malheureusement, il ne nous a pas paru possible de rester une journée de plus car les prévisions météo nous annonçaient un regain du meltem à partir du samedi et nous voulions être à l’abri dans un port de Crète dès vendredi soir.

La route de Sikinos à Thirasia fut rapide, 17 milles environ. Thirasia est l’une des îles qui composent l’archipel de Santorin. L’endroit est magnifique : il s’agit du cratère d’un volcan toujours en activité dont la dernière éruption date de 1950. On peut d’ailleurs s’aventurer dans le volcan à partir de la petite île de Kameni qui se trouve au milieu et voir des sources d’eau chaude et des failles d’où s’échappent des fumeroles au parfum de soufre. La réputation de cet ensemble d’îles est telle qu’il y a un monde fou, propre à décourager toute visite. Mais, le soir à partir de 18 heures, le mouillage de Thirasia redevient très paisible.

ce qui nous a semblé être un hôtel à droite en entrant dans la baie :

notre lieu de mouillage : beaucoup de monde dans la journée et plus personne à 17 heures : les quelques restaurants ferment à 19 h 30…

Evidemment, cela présente quelques risques de vivre sur un volcan toujours en activité.

Et de Thirasia Santorin, nous partîmes pour la Crète très tôt le matin car nous avions à faire un peu plus de 80 milles nautiques pour rejoindre la ville d’Agios Nikolaos sur la côte est. Traversée sans problème, au portant en profitant du meltem, commencée au moteur faute de vent et terminée avec 20 à 22 noeuds de travers.

La ville d’Agios Nikolaos est jolie et sympathique ; d’ailleurs beaucoup de navigateurs choisissent d’y passer l’hiver.

On y trouve une crique en pleine ville, nommée “le lac” qui ouvre sur le port de commerce et de pêche :

Et on y célèbre la chèvre Amaltée qui nourrit l’enfant Zeus et dont la corne fut bénie par celui-ci en reconnaissance,

mais aussi l’enlèvement par le même Zeus (qui avait été bien nourri) déguisé en taureau de la princesse phénicienne Europe :

Délaissant la barre à roue pour le volant et les noeuds pour les chevaux vapeur, nous sommes partis 3 jours en voiture pour visiter la Crète qui est un pays magnifique beaucoup plus montagneux que nous pouvions le penser. En dehors de son port vénitien et de richesses cachées que nous n’avons donc pu découvrir, Heraklion ne nous a pas paru présenter un grand intérêt. Mais le port est beau :

L’intérieur de la Crète est étonnant car on quitte les rivages maritimes pour des paysages montagneux et des (relativement) hauts plateaux consacrés à l’agriculture comme le plateau de Lassithi. La perspective change totalement et selon qu’on regarde vers le sud ou vers le nord, on se tourne vers la mer ou vers la montagne.

Et puis, en Crète, il y a Knossos, siège du palais du roi ou des rois Minos, puisqu’il nous a été expliqué que très probablement le nom de Minos avait pu être donné aux monarques successifs. Pour ma part, je ne connaissais de Minos que Phèdre, sa célèbre fille et nous avons ainsi découvert l’existence d’une civilisation minoenne, antérieure à la civilisation grecque, en contact avec la civilisation égyptienne et tout à fait passionnante. On peut légitimement regretter les travaux de restauration à l’identique faits par l’un des découvreurs du site au 19ème siècle, un riche amateur anglais nommé Evans mais les éléments de constructions qui subsistent laissent percevoir la majesté du lieu et l’importance de cette civilisation.

Ce fut ensuite un séjour très rapide dans la station balnéaire de Ierapetra, située au sud-est de l’île et au bord de la mer de Lybie.

L’eau était très bonne, merci !

Après cette incursion dans l’est de la Crète (la visite de la partie ouest sera pour une autre fois), nous retournions à Agios Nikolaos pour retrouver notre bateau et y attendre des amis venus nous rejoindre.

Nous avons ainsi visité ensemble l’île de Spinalonga à quelques milles nautiques d’Agios Nikolaos. Nous nous y sommes rendus dans un bateau de touristes qui nous a montré d’abord la beauté de cette côte :

Enfin …

Là c’est mieux :

L’île de laquelle le pirate Barberousse aurait fait son repaire et qui se repère aussi très bien :

L’île de Spinalonga a une histoire extraordinaire, racontée dans un roman intitulé “L’île des oubliés” de Victoria Hislop. De 1903 à 1957, l’île a abrité, dans des anciennes constructions fortifiées vénitiennes, une léproserie qui a accueilli tous les lépreux de Crète et de toute la Grèce aussi d’ailleurs. Les malades étaient condamnés à y passer le restant de leur vie et cette île a vu se développer une société humaine de plusieurs centaines de personnes qui ont dû s’organiser, avec les maigres moyens que leur donnait l’Etat grec, pour y vivre le mieux possible, compte tenu de leur maladie : école, jardins potagers, hôpital, café, cinéma… Subsistent encore outre les fortifications vénitiennes, plus ou moins en ruine, le tunnel d’accès au village (“vous qui entrez ici,…”), l’hôpital, les maisons que les malades habitaient, la salle de désinfection ,… Très émouvant.

Les fortifications vénitiennes :

Un lieu paradisiaque, vous dis-je !

Et il était temps pour nous de partir pour Sitia, dernière escale en Crète. Nous garderons un excellent souvenir du port de Sitia non en raison de son charme particulier, ni de la beauté de la ville qui ne présente rien de particulier sinon un petit fort, encore vénitien. En revanche, ce port est géré par une fonctionnaire municipale, prénommée Rena, qui est simplement extraordinaire de gentillesse, de professionnalisme et d’efficacité. Elle a mis une grande énergie à nous aider dans les petits problèmes que nous avons rencontrés. A cet égard, elle mérite, aux côtés d’Antonio du port de Palerme, nos plus vifs remerciements ; si nous avons envie de retourner à Sitia, c’est pour la revoir.

Sinon, nous avons fait un tour dans la partie extrême de l’est de la Crète et pouvons vous recommander le monastère de Toplou qui produit un très bon vin, la palmeraie de Vai et le site archéologique d’Itanos. Et vous n’aurez pas de photos car, conformément à mes habitudes, j’avais oublié mon appareil …

Et après Sitia, départ pour la Turquie en passant par Karpathos, sans intérêt, et Rhodes, d’un très grand intérêt.

La suite très prochainement.

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