Vers Naxos – Du 19 août au 5 septembre.

En été, le problème des iles Grecques de la mer Egée, c’est le vent. Le fameux meltem, de son nom turc, vent de nord qui souffle de juin à septembre globalement dans toute la mer Egée et jusqu’à la Crète. Sa vitesse est de l’ordre de 20 à 25 noeuds avec des rafales qui dépassent allègrement les 30 noeuds. Ce vent lève une mer qui n’est pas très haute mais hachée. Au près, c’est très inconfortable, comme nous en avons fait l’expérience mais au portant, c’est tout à fait navigable comme nous en avons fait également l’expérience.

Ce vent n’est pas agréable et les rédacteurs du guide Imray le qualifient d’odieux.

Compte tenu de mon inexpérience de ce vent et aussi en raison d’un problème de pilote automatique vite résolu, nous avons décidé avec le couple d’amis venus nous rejoindre à Athènes, de patienter quelques jours avant de partir pour notre périple en direction des Cyclades. Et, par précaution, nous avons pris immédiatement un ris dans la grand voile.

La première étape fut Agia Marina dans l’ile d’Egine que nous avions déjà vue avec les enfants. Cet endroit nous plaisait mais nous n’avions pas eu l’occasion de monter voir le temple d’Aphaïa. Nos amis ne connaissant pas l’endroit, nous avons décidé d’y retourner. La traversée depuis Athènes, d’une quinzaine de milles, ne nous a posé aucun problème. L’endroit est relativement peu fréquenté, la baie est grande et bien abritée des vents du nord et le village sympathique. Quant au temple, il est beau, situé au sommet d’une colline qui offre la vue jusqu’à Athènes et, comme tous les témoins de son époque, il est émouvant.

Ceux qui ont une bonne vue pourront apercevoir le bateau à l’ancre.

Après l’ile d’Egine, ce fut le cap Sounion au terme d’une traversée tout à fait paisible, le meltem ayant décidé de prendre sa journée. Le cap Sounion ne présente par lui-même que peu d’intérêt et la baie qui le borde est sans attrait particulier. Mais sur ce cap, dominant la mer, subsistent les restes assez importants, d’un temple à Poseidon : une merveille. Et, dans la baie, nombreux sont les bateaux qui, en contrebas et la proue tournée dans sa direction, semblent être autant d’adorateurs du dieu de la mer.

Malheureusement, mes médiocres talents de photographe ne m’ont pas permis de saisir le temple la nuit alors qu’il est illuminé par de puissants projecteurs. Mais vous pouvez nous croire sur parole : diner dans la baie de Sounion au pied du temple illuminé est un grand moment qu’on n’oublie pas.

Et le lendemain matin, sous la protection de Poseidon, nous partions pour l’ile de Kea et le port de Korissia. Plus de 20 noeuds de vent établis, des rafales à 28 noeuds, une route à 60 degrés du vent voire à 50 degrés vers la fin de la traversée : le meltem soufflait. C’était un peu rock’n roll mais d’aucuns ont trouvé cela amusant. Il a fallu à deux reprises réduire la voile d’avant et, heureusement, nous avions toujours un ris dans la grand voile.

Du port de Korissia, il n’y a pas grand chose à dire sinon qu’il a fallu que je m’y prenne à trois fois avant de pouvoir amarrer le bateau le cul au quai, non sans m’être fait engueuler par le capitaine du port. Pour ma défense, il y avait un assez fort vent de travers auquel Marjan offrait une prise importante. Si Korissia ne présente pas un grand intérêt, en revanche, le vieux village de Ioulida, perché dans la montagne est magnifique. Du moins l’été. Je reste persuadé que l’hiver, au mois de janvier, quand il bruine, il doit falloir, pour y vivre, une vie intérieure très intense. Et vous n’aurez pas de photos car j’avais oublié mon appareil.

Ce fut ensuite l’ile de Kythnos, située au sud de Kea, et le port de Loutra, dans lequel nous n’avons pu nous amarrer faute de place. Cela nous a conduit à nous mettre au mouillage dans un endroit aussi protégé que possible du vent du nord mais aussi du sud que les prévisions nous annonçaient pour le début de l’après-midi ; nous avons attendu ce vent du sud jusqu’à 20 heures. Les prévisions météo sont très souvent fiables sauf sur le moment où surviennent les phénomènes annoncées. Il n’est pas rare qu’il y ait une différence de 7 à 8 heures.

L’étape suivante fut une bénédiction. Délaissant l’ile de Sérifos au sud de Kythnos, nous avions décidé d’aller jusqu’à l’ile de Sifnos, à proximité immédiate de Paros et de Naxos. Dans un premier temps, notre objectif fut le port de Kamares (je précise immédiatement pour les amateurs de chansons paillardes que les filles de Kamares n’ont pas la réputation de leurs camarades de Camaret) mais les informations sur ce port n’étaient guère encourageantes. Nous avons donc choisi d’aller 5 milles plus au sud dans la baie nommée Ormos Vathi.

Un enchantement, vous dis-je. Cette baie est ronde, presque fermée et ouverte sur l’ouest par un passage qui n’est pas très large. Elle est donc bien abritée de tous les vents même s’il peut y avoir un peu de houle. Autour de cette baie, on trouve des plages, quelques habitations à destination touristique, des restaurants et une remarquable petite église.

Sur la plage, se trouve un très bon restaurant grec, recommandé par nous et aussi, accessoirement par le Routard. Inutile de vous préciser que nous avons passé d’excellents moments dans cet endroit, au point d’envisager d’y rester 5 jours de plus pour laisser passer un meltem un peu hargneux. Mais il nous a paru préférable d’aller nous réfugier soit à Paros, soit à Naxos et ce d’autant que nos amis commençaient à envisager de réfléchir à un possible retour en France et décidaient d’ailleurs de nommer une commission à cet effet.

Le port de Paros nous ayant dit qu’il n’avait pas de place pour nous, il nous fallut nous tourner vers Naxos. Le Capitaine du port, à qui j’avais envoyé un message le jeudi pour une place à partir du vendredi soir, sachant que le meltem devait commencer à souffler le samedi, me téléphonait le jeudi soir vers 21 heures pour nous annoncer deux nouvelles : une bonne et une mauvaise. La bonne était que nous avions une place dans le port et la mauvaise était qu’il fallait arriver pour 10 h 30 le lendemain matin, soit 39 milles nautiques à avaler.

Résultat : départ d’Ormos Vathi à 3 heures du matin et arrivée à Naxos avec 1/2 heure de retard, trop content de pouvoir passer les quelques jours de meltem à l’abri.

Naxos est une ile superbe et la ville de Naxos est, dans sa partie ancienne, très jolie et intéressante avec son passé vénitien, son arche à Apollon qui est l’entrée d’un temple qui n’a jamais été construit.

Et puisque vous voulez des photos, vous allez en avoir, en vrac, de la ville mais aussi de la promenade dans l’ile que nous fîmes.

Et puisque la France doit s’affirmer où qu’elle soit, le drapeau tricolore que vous pouvez apercevoir est le nôtre.

Et vous pouvez apercevoir le “kastro”, c’est à dire l’ancienne forteresse construite par les Vénitiens. Ce qui ne se voit pas, c’est que ce “kastro” dissimule un entrelacs de ruelles, véritable labyrinthe aujourd’hui occupé par des restaurants et des boutiques. Il y a de quoi s’y perdre et d’ailleurs nous nous y sommes perdus au point de devoir demander notre chemin.

La visite de l’ile nous a permis de découvrir de très beaux endroits parfois étonnants.

Cette ile est très montagneuse et l’on y voit des sommets éventrés pour l’exploitation du marbre de Naxos qui se poursuit encore.

Les câbles que vous voyez, servaient au transport du minerai de spinelle et de corindon, bases de la fabrication de l’émeri. Vous avez ainsi appris des choses, nous aussi.

S’éclaircissent enfin les causes de la désaffection des offices dominicaux…

Cette promenade dans l’ile nous a fait découvrir, dominant la côte est de Naxos, le village de Koronos avec ses ruelles labyrinthiques. Très bel endroit du moins l’été. Je suis plus réservé sur l’hiver (cf. Ioulida)

Et partout, comme emblème de l’ile, les bougainvilliers, superbes en cette saison. Le comble du mauvais goût est atteint par certains restaurants et boutiques de la ville de Naxos qui arborent fièrement des bougainvilliers artificiels en plastique ! J’ai du mal à leur pardonner.

Et c’est ainsi que nos amis, suivant l’avis de leur commission, décidèrent qu’il leur fallait rentrer en France, nous laissant le 5 septembre seuls et désemparés face à ce foutu meltem.

Mais celui-ci va bientôt faiblir et dès le mercredi 13 septembre, nous repartirons en direction de la Crète, au portant et ce sera tant mieux.

A bientôt pour la suite à Heraclion.

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