De Carthagène à Palma de Majorque : 2 juillet-6 juillet

En raison d’un problème de dérive hydraulique qui nous a bloqué à Garrucha , nous devons rallier le plus tôt possible Palma de Majorque afin d’y faire quelques menues réparations, ce dont nous vous parlerons dans un prochain épisode (ce “teasing” est décidément remarquable : je sens qu’il génère une impatience non dénuée d’un peu d’angoisse).

Nous partons le 2 juillet et décidons de faire la route en deux étapes et de rejoindre d’abord I’ile d’Ibiza, Martine souhaitant s’y arrêter pour faire une “teuf de ouf” disait-elle ! La route imposait de faire une nuit en mer et de s’organiser pour assurer la veille, ce que Martine n’avait encore jamais fait car jusqu’à Malaga, Jeremy Andorin et moi nous étions arrangés pour les assurer sans la déranger dans son sommeil.

La navigation de nuit est une expérience très particulière : il fait nuit donc noir, plus ou moins noir, mais noir quand même ; la mer n’est éclairée que par la lune lorsque la nuit est claire et le bateau avance dans cette obscurité plus ou moins totale. Cela peut être angoissant car la perte de repères visuels donne l’impression que le bateau “fonce” dans le noir, ce qui est très relatif.

Cette obscurité favorise des perceptions visuelles très particulières que l’on ne connait pas avec le jour. Les remous du sillage du bateau font littéralement danser l’eau sous la lune.

Cette obscurité impose de se fier aux instruments, c’est à dire au radar, dont la lecture n’est pas toujours très évidente et surtout à l’AIS qui identifie sur l’écran de navigation tous les navires environnants. Sauf que certains navires, notamment ceux de petite taille ne sont pas équipés de ce système et sauf que d’autres navires qui en sont équipés, comme des chalutiers, ne le mettent pas en marche pour rester discrets sur leur présence dans la zone. Il faut donc régulièrement regarder autour du bateau pour tenter de percevoir dans l’obscurité des feux de navigation signalant sur la route la présence d’un bateau. Cela peut conduire à des situations amusantes. Ainsi au cours de cette nuit en direction d’Ibiza, vers 3 heures du matin me retournant, j’aperçus, au loin derrière nous un feu rouge qui, dans la brume, me semblait clignoter. Ma première réflexion fut de me dire qu’il s’agissait d’un phare. Le problème était que je ne comprenais pas, après vérification de notre position et de la carte, où ce phare pouvait être.

Me retournant à nouveau pour regarder ce phare à éclats rouges, je le vis sortant de la brume, se rapprochant de nous et bougeant latéralement. En réalité, il s’agissait d’un catamaran qui, dépourvu d’AIS, se rapprochait de nous probablement pour profiter de la protection donnée par notre propre AIS. Nous avons ainsi navigué de concert pendant plusieurs heures, à quelques centaines de mètres de distance.

Evidemment, la navigation de nuit donne l’occasion de voir de superbes couchers de soleil et si la fatigue permet encore de les apprécier, de très belles aurores.

La navigation de nuit donne aussi l’occasion de voir des cieux de toute beauté, qui ne sont troublés par aucune pollution lumineuse. Cela m’a permis de confirmer la nullité de mes connaissances en astronomie. Ne comptez pas sur moi pour vous trouver l’étoile polaire, la grande ourse et d’autres choses encore ; je n’arrive à identifier qu’un chariot de grand magasin qui ressemble d’ailleurs à une casserole.

C’est ainsi que, partis de Carthagène le dimanche 2 juillet, nous arrivions le 3 dans l’après-midi, dans la crique dite Ses Balandres, sur la côte nord-ouest de l’ile d’Ibiza pour y jeter l’ancre au milieu de quelques autres bateaux de plaisance. Et vers 19 h 30, nous nous retrouvions seuls pour passer la nuit au pied des falaises.

Selon votre imagination du moment, vous pouvez y voir un éléphant écroulé sur sa trompe, un homme qui dort, ….

Et le lendemain, après une excellente nuit, bercés par une très légère houle, nous reprenions la route de Palma de Majorque où nous arrivions le 4 juillet en fin de journée après une traversée sans aucun problème.

Pour Palma, tourner à gauche à la pointe après la quatrième vague.

Un “barber” britannique a décidé de s’installer à l’entrée de la baie de Palma. Evidemment, sa boutique étant très isolée, il l’a pourvue d’une très grande enseigne, visible de très loin.

Ceux qui reconnaitront la cathédrale de Palma gagnent… à être connus.

Architecture moderne intéressante d’un immeuble penché en arrière ….

Les jours de grand vent, on doit voir les mats se prosterner devant la Cathédrale.

Très jolie ville, Palma de Majorque, du moins dans sa partie ancienne bien préservée et pour ce que nous avons pu en voir. On peut cependant vous recommander un endroit étonnant situé au 1 rue San Juan : l’Abaco

Sinon, nous avons beaucoup fréquenté le port en raison de la nécessité dans laquelle nous nous sommes trouvés de faire quelques menues réparations sur le bateau (cf. De Port Mahon à Carloforte).

La visite du port permet d’y voir des voiliers stupéfiants par leur taille et leur beauté. D’ailleurs, on n’y monte que déchaussés pour préserver les matériaux dont ils sont faits. Le prix de ces bateaux et le coût de leur entretien met un peu mal à l’aise : quand on voit ce qu’on voit, qu’on lit ce qu’on lit et qu’on entend ce qu’on entend, on a raison de penser ce qu’on pense ! Nous avons cru voir, faisant des essais dans la baie, le voilier de Jeff Bezos dont la longueur est, sauf erreur de ma part, de 130 mètres et le coût au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Visiblement, Palma vit de ces bateaux dont la présence a permis le développement d’un nombre considérable d’entreprises spécialisées, ce dont nous avons profité avant de repartir, le 6 juillet, vers Minorque et Port Mahon.

A bientôt pour le prochain épisode.

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