De Porto à Gibraltar

Vent arrière mais pas beaucoup de vent pour aller à Gibraltar. Les conditions sont donc confortables jusqu’au Cap Saint Vincent.

Malheureusement, pour des raisons de calendrier, nous ne verrons l’embouchure du Tage que du large. C’est alors que nous eûmes à nous préoccuper des orques qui, entre le Cap Saint Vincent et la pointe de Tarifa, ont fait de cet espace un lieu ludique. Le jeu semble être de s’attaquer aux appendices des bateaux, quille, dérive et safrans. Avec un voilier en aluminium, le risque n’était pas d’avoir un trou dans la coque mais d’être privés de safrans et donc de barre. Probabilité inconnue car si les attaques sont bien recensées, en revanche, le rapport entre le nombre d’attaques et le nombre de bateaux en circulation dans cette zone ne semble pas avoir été précisé.

Avant même notre départ, une rumeur circulait sur internet : les orques n’aiment pas la couleur rouge qui les éloignerait. Nous avons donc choisi de recouvrir la coque, la dérive et les safrans d’une peinture antifouling de couleur rouge… Nous nous étions aussi munis d’un pinger, petit appareil, utilisé par les pêcheurs, que l’on traine à l’arrière du bateau et qui émet des ondes sur une certaine fréquence réputée éloigner les orques.

Nous n’avons pas vu d’orques. Il serait abusif d’en tirer la conséquence que la couleur rouge et le pinger ont été efficaces. Dans ma précédente vie, on disait que l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence.

Un seul fait est établi. Les publications sur internet font valoir que les attaques ne se sont pas produites en bordure des côtes à une profondeur de moins de 20 mètres. Comme beaucoup d’autres bateaux, nous avons donc évité de prendre la route directe du Cap Saint Vincent au Détroit de Gibraltar et nous avons décidé de longer la côte de la baie de Cadix. Avantage de ce choix de navigation : nous n’avons pas rencontré d’orques. Inconvénient : une nuit de plus à bord.

Le passage du Cap Trafalgar fut un moment de sentiment très anti-anglais, vite surmonté par l’arrivée à Gibraltar.

L’endroit est étonnant : on comprend l’attachement du Royaume-Uni à cet endroit. Jusqu’en 1956, avec le Canal de Suez, les Britanniques contrôlaient ainsi tous les accès à la Méditerranée.

Ceux qui ont une vue acérée et connaissent notre bateau peuvent l’apercevoir dans cette marina ultra-moderne. Après plusieurs nuits en mer, l’arrivée dans ce petit port de plaisance provoque un dépaysement assuré. Passer de l’immensité de la mer à cet environnement totalement artificiel et confiné provoque un sentiment très curieux que je n’arrive pas à définir plus précisément. On trouve même, au milieu des immeubles tout en hauteur, un ancien paquebot immobilisé et reconverti en hôtel et casino…

Les hauteurs du Rocher de Gibraltar accueillent une colonie très ancienne de singes. Et une légende locale veut que la disparition de ces singes entrainerait le départ des Britanniques. Inutile de préciser qu’ils sont donc très protégés. Nous sommes donc aller voir nos cousins, certes très éloignés, mais cousins quand même.

Mais reste que la vieille ville de Gibraltar, pourvue de nombreuses et anciennes constructions à vocation militaire, est intéressante et assez jolie.

Après deux jours à Gibraltar, il nous faut repartir vers de nouvelles aventures, c’est à dire vers Malaga.

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